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Place de Bennelats
Aux portes de la ville, côté est, se situe un des endroits les plus bas
de la ville. L'eau y a toujours été généreuse : un étang, aujourd'hui
asséché, et plusieurs sources ou résurgences. Pas étonnant d'y trouver
de nombreuses fontaines. Les benés (nom patois de fontaines) ont, dès lors, donné leur nom à la Place de Bennelats
Cette
gravure du début du dix-neuvième siècle présente, outre d'anciens
étangs, une perspective intéressante sur le Château de Porrentruy, sa
Tour Réfous et une ancienne portion des fortifications.
Porrentruy,
comme les autres villes suisses ou de France voisine, eut très tôt le
désir d'ériger des fontaines monumentales. La première, commandée en
1546 à Michel Waser, bourgeois d'Orschwiller en Alsace, ne vit hélas
jamais le jour. On ne sait trop pourquoi, mais les archives
conservent un bien joli dessin de la chèvre (le fût central) qui devait
orner un bassin de quatorze pieds de large.
L'alimentation
en eau du château se fit, dès le début du treizième siècle, au moyen
d'un puits de 54 mètres de profondeur et d'un diamètre de 2,8 mètres.
On tirait l'eau au moyen d'une longue chaîne à deux seaux et d'un
cabestan qu'actionnait tantôt un âne, un bouc ou la force humaine. Par
la suite, des essais de pompage au moyen d'une machine créée tout
exprès, ne furent pas très concluants.
Aujourd'hui, le puits se visite toujours, mais la superstructure en bois n'existe plus.
Avant
que l'eau ne jaillisse aux fontaines publiques, la ville comptait de
très nombreux puits, publics ou privés. Chaque année, on y déversait
des quantités de charbon pour en assurer la pureté. Mais les épidémies
dues à la contamination de l'eau étaient nombreuses. Cette ancienne
gravure montre le puits des Annonciades, près du Couvent aujourd'hui
disparu. En contrebas, la Fontaine du Boeuf, en face du restaurant du
même nom, appelée aussi Fontaine de la Ronde Boule Dorée.
La
source de la Beuchire est une résurgence des eaux de l'Ajoulote,
rivière souterraine qui descend de Haute-Ajoie. Ses eaux se séparent
rapidement en trois bras :
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Le Rinçoir, qui rejoint bientôt le Bacavoine,
- Le Canal de l'ancien moulin, qui rejoint le Creugenat,
- Une canalisation souterraine qui se jette dans l'Allaine.
Dans la brume automnale, des étangs
bordant la bretelle d'autoroute en direction de Bressaucourt.
Les anciens étangs ont été asséchés au cours des siècles. Avec la
construction de l'autoroute A16, de nouveaux bassins ont été créés. Ils
servent à la fois de lieux de retenue pour des pollutions éventuelles
dues à l'autoroute, mais aussi de compensations écologiques.
Les anciens bains publics de Porrentruy, en bordure de l'Allaine.
L'eau a aussi une fonction sociale, liée aux sports et aux loisirs.
L'Etang Corbat.
On sait que les Princes-Evêques firent creuser des étangs, notamment à Bonfol, pour leur approvisionnement en poisson.
Toute autre était la vocation de l'Etang Corbat, au sud-ouest de ville,
puisqu'il servait à la fabrication de glace. Sciée en forme de pains,
celle-ci était emballée et acheminée dans les restaurants, pour
rafraîchir les boissons.
Si la photo est bonne....
Celle-ci évidemment a les qualités de son époque. Elle nous montre le
Bacavoine qui arrive de Fontenais. La rivière se prélasse en bordure du
Faubourg Saint-Germain, avec, en arrière plan, les bâtiments de
l'Association agricole et du complexe de la boulangerie Kempf, condamné
par la construction du Centre l'Esplanade.
La Fontaine du Suisse décapitée.
Erigée en 1558, la Fontaine du Suisse (ou Fontaine du Banneret ou
encore, lors de la construction, Fontaine du Bannelier) était dotée
d'un fût sculpté surmonté d'une sculpture représentant un soldat
portant une bannière. La statue d'origine a été jetée à bas dans des
circonstances peu claires, en 1814, alors que naissaient des rumeurs de
rattachement de l'Evêché de Bâle à la Suisse. On en a perdu la trace et
le fût est resté vide de longues années.
Un nouveau Suisse orne le fût de la Fontaine.
Pour l'Exposition industrielle de 1902, une statue en ciment fut
installée sur le fût de la Fontaine, mais de l'avis général, elle
n'était qu'une misérable caricature de la statue originale.
Le
réseau des rivières de Porrentruy est complexe. Ce plan, bien
qu'incomplet, permet d'y voir plus clair. Par ailleurs, un panneau
didactique implanté au bord du bassin de la Beuchire, invite à la
découverte.
Au cours des siècles, l'alimentation en eau de ville s'est faite par une conjugaison de plusieurs sources.
Actuellement, la source de l'Ante (Charmoille) fournit environ un
cinquième de la consommation, le solde étant assuré presque totalement
par l'eau du Betteraz, traitée au Pont d'Able, dans cet imposant
bâtiment.
Etait-il
possible en nos terres jurassiennes, d'évoquer l'eau et les fontaines,
sans faire un clin d'oeil à la Fée Verte, cet apéritif anisé, qui vient
de retrouver ses lettres de noblesse et sa légitimité ? Cette fontaine
permet de préparer l'absinthe en autant d'exemplaires qu'elle a de
robinets !

La rubrique L’INVITE vous propose de mieux connaître les
Fontaines de Porrentruy.
Notre
apport en la matière constitue un état des lieux en ce début de
XXIème siècle, les références historiques étant puisées dans diverses
publications que nous recommandons à votre lecture, notamment :
- Sources, puits et fontaines de Porrentruy et d’Ajoie par A. Membrez, curé-doyen.
- Les trois Fontaines monumentales de Porrentruy par André Rais.
- Porrentruy, éloge de l’eau par Jean-Paul Kuenzi.
Parmi les appellations anciennes de la ville, Bruntrut, le nom
allemand, fait assurément référence à Bruntrutum qui évoque
« le pays des sources abondantes ».
L’alimentation en eau de la ville de Porrentruy coïncide avec la
création de la cité. Joseph Trouillat, professeur au Collège de
Porrentruy au milieu du XIXème siècle, cite la Fontaine du
« Vaylebuof » connue en 1290 déjà. Alimentée par le Bief
venant de Courgenay, puis par le Bacavoine arrivant de Fontenais, la
ville eut recours à d’autres points d’eau hors des murs, comme la
Beuchire. Ces sources alimentaient plusieurs fontaines en
ville : la Samaritaine, le Suisse, l’Hôtel-Dieu. Plus
modeste était l’apport de la source de la Chaumont, du Creux-Belin, à
l’eau saumâtre, de la Favergeatte ou du Creugenat, rivière
souterraine dont les eaux n’apparaissent qu’en cas de fortes pluies.
Avec l’agrandissement de la cité, de nouvelles sources furent
exploitées. En 1631, on capta la source du Varieux, située en direction
de Bure, à une altitude de 504 mètres.
Il fallut attendre 1862 pour que le réseau des conduites d’eau alimente
le haut de la vieille ville. La Fontaine du Cygne date de cette époque.
L’exploitation des sources de l’Ante et des Nods, dans la Baroche,
vinrent compléter le réseau, dès 1892. Enfin le captage de la source du
Betteraz permit d'assurer durablement l'alimentation en eau de la ville.

Un scaphandrier dans l'estavelle du Creugenat le 6 février l934
Le Creugenat, rivière souterraine, draine une bonne partie des eaux
de Haute-Ajoie. Mais plusieurs fois par an, lors de fortes pluies ou à
l'occasion de la fonte des neiges, le boyau souterrain ne parvient pas
à absorber toute l'eau de la rivière. Celle-ci remonte alors à la
surface par un entonnoir situé à 451 mètres d'altitude. Le Trou du
Creugenat (ou estavelle) a été exploré à plusieurs reprises.
Carte postale de la collection du Musée de l'Hôtel-Dieu
Carte postale de la collection du Musée de l'Hôtel-Dieu
Le
sculpteur Heusch de Strasbourg est l'auteur de la sculpture actuelle.
Elle représente un soldat suisse du seizième siècle posant dans une
attitude historique. Entre ses jambes, le sanglier, emblème de la
ville, apporte une note locale. On se souviendra que les Séquanes qui
occupèrent jadis nos contrées avaient déjà le sanglier pour emblème.
La statue provisoire, en ciment, ne trônera que de 1902 à 1913, date de la dernière rénovation.
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