Pose d'une sculpture à Delémont

Au contact d’Umberto Maggioni, on évacue rapidement la gêne naturelle ou les habituelles appréhensions qu’on peut avoir envers un homme dont l’existence est vouée à l’Art. Avec lui, pas d’hermétisme, de grands airs, ni de leçons de vie. L’homme est chaleureux, même s’il cache sous une grande douceur, l’extrême rigueur qui le caractérise dans ses œuvres artistiques.
On atteint sa maison de Belprahon un peu essoufflé par une belle volée de marches d’escaliers. Tout est serein. Les œuvres habitent l’espace avec harmonie, laissant une large place à d’autres artistes auxquels Maggioni et son épouse vouent admiration et respect.
Né à Lausanne en 1933, il est le fils d’un italien, travaillant auprès de la Compagnie de l’Orient-Express. En 1937, la famille suit le père, déplacé à Pragues par son employeur. Les rigueurs de la politique font que le père est emprisonné durant six mois, avant d’être récupéré, par les services du Duce, à Naples, comme traducteur. L’Italie convient bien au jeune Umberto qui fréquente les musées et les milieux de l’art, comme par la suite à Rome, où l’on déménage encore, puis à Lausanne, où il finit par revenir.
Après avoir touché à différents petits métiers, Maggioni suit une formation de mécanicien-dentiste qui le fera voyager encore, notamment en Angleterre et à Paris. Déjà il créé énormément, manie le crayon, le plâtre et la terre avec bonheur.
Sa venue à Moutier, en 1957 va lui ouvrir de nouveaux horizons. Ce qui devait n’être qu’un stage deviendra l’ancrage de toute sa vie. Max Robert et le Club des Arts, Gérard Bregnard et les artistes de Visarte deviendront ses fréquentations privilégiées. En 1959, il unit sa destinée à celle d’une jurassienne. Deux ans plus tard, le couple s’installe à Belprahon, où la maison s’agrandit bientôt d’un atelier multifonctionnel. Pourtant, les grandes œuvres, Maggioni les façonnera en Italie, où il a conservé de solides amitiés, dans un atelier plus vaste  et mieux équipé. Si sa verve, sa gestuelle et sa chaleur humaine sont héritées de sa culture italienne, les titres de ses œuvres aussi, chantent la sensibilité latine : il tramonto, la grande madre, il giorno, la notte…
Au cours de sa prodigieuse carrière, Maggioni aura créé plus de mille deux cents œuvres, comme en témoigne le mur de son atelier. Ses outils de prédilection sont, pour les œuvres sur papier, le crayon, le fusain et le brou de noix, quant aux sculptures, il utilise aussi bien le calcaire du Jura, les différents marbres ou le bronze.
Alors que le Canton du Jura vient de faire installer une « Grande Madre » devant les locaux du Parlement, citons, pour mémoire, quelques villes qui ont accueilli ses principales expositions : Moutier, Porrentruy, Delémont, Le Landeron, Saint-Ursanne, Môtiers, Bienne, Bâle, Zurich et, à l’étranger, Toronto, Mannheim, Cremona, Abano,  Verona, San Francisco.
Nous n’avons pas qualité pour commenter les œuvres en elles-mêmes, mais, comme à vous sans doute, elles nous vont droit au cœur.
mic