C’est à la Galerie du Port, à Rolle, que Dominique
Froidevaux commence sa carrière d’artiste par une belle exposition où
les sculptures, essentiellement en bois, auront d’emblée la faveur du
public.
Photographe de formation, travaillant comme cameraman à la télévision,
Dominique Froidevaux rêve depuis son enfance d’être artiste et de vivre
de sa production. Né à La Chaux-de-Fonds en 1944, dans un milieu
où l’art est omniprésent, il s’essaie à la peinture, à la gouache, à la
tapisserie, mais il sera avant tout sculpteur, même si, pour ne pas
rompre totalement avec son métier de base, on le voit produire
d’excellentes photographies, créer des vitraux très colorés ou
renouveler l’art de la gravure avec un réel bonheur.
En 1972, l’artiste fait l’acquisition d’une ancienne ferme à Chevenez
et s’y établit. La grange est aussitôt convertie en atelier, équipée
d’une petite forge et de tout le matériel nécessaire à la création.
Enthousiaste et prêt à relever tous les défis, il participe à de
nombreux concours organisés par les collectivités publiques.
Souvent ses maquettes de sculptures monumentales sont primées et de
nombreuses créations voient ainsi le jour. Lausanne, Neuchâtel,
Delémont ou Porrentruy entre autres, lui offrent des opportunités
qu’il saisit avec ardeur, dans une volonté de renouvellement permanent.
Ses sculptures de moyenne taille sont le plus souvent en cuivre, d’une
patine remarquable. Aujourd’hui, il associe le bois au cuivre, à
l’acier inox, ou à tout autre matériau.
C’est dans les volumes en acier Corten, puis en acier inoxydable
qu’il trouve le meilleur équilibre pour ses œuvres monumentales.
Autodidacte, Dominique Froidevaux maîtrise les
techniques les plus complexes et ne cède jamais à la facilité ni à
aucune mode. Travailleur infatigable, authentique,
perfectionniste en tous points, il crée des œuvres
torturées, pourtant issues de croquis nombreux et réfléchis. La
couleur et la lumière sont des composantes subtiles de ses créations.
Peinte, la tôle devient quelque rutilant métal, comme le bois
d’ailleurs, qui dégage soudain une parenté inattendue avec l’ivoire.
Avec les années, l’envol généreux des volutes de métal semble laisser
la place à davantage de symétrie. Certains se sont crus autorisés à y
voir un genre de « totémisation » de sa production… Nous nous
garderons de reprendre cette affirmation, à notre avis excessive.
Si les œuvres sont abstraites dans leur conception générale, l’artiste
concède parfois quelques exceptions. C’est notamment le cas quand il
s’attelle à façonner une enseigne pour un restaurant ou un commerce,
l’occasion dès lors de confirmer son intégration dans cette belle
terre d’Ajoie qui l’a adopté et qu’il parcourt régulièrement sur son
vélo de course…
A ce jour, le nombre de ses expositions ne se compte plus, mais doit
friser la cinquantaine. De nombreuses cités romandes ont eu le
privilège de l’accueillir, mais aussi Bâle, Zurich, Monaco ou Paris.
Comme l’homme ne paraît pas fatigué de créer, on se réjouit de le voir
bientôt présenter ses dernières oeuvres.